L'argenture sur verre
Définition
Métallisation du verre. Donner un pouvoir réflecteur aux glaces en leur faisant subir un traitement spécial. On supprime la transparence du verre en appliquant sur une des faces un dépôt de métal réfléchissant la lumière. Trois métaux sont utilisés : étain, platine et argent.
Historique
Chez les anciens et jusqu’au Moyen Age, le miroir était une plaque de métal poli.
À partir du XIIIéme siècle, des types grossiers de miroirs en verre apparurent en Europe, tout d’abord à Venise. Ces miroirs se composaient d’une surface de verre sur laquelle était appliquée une plaque de plomb ou d’argent poli.
La méthode d’étamage fut mise au point au XVème siècle : elle consistait à revêtir une plaque de verre d’un amalgame de mercure et d’étain. On couvrait la surface de feuilles de papier d’étain, qui étaient poncées, lissées et recouvertes de mercure. Puis, on maintenait fermement un chiffon de laine sur la surface à l’aide d’une masse en fer pendant environ une journée. On inclinait ensuite la plaque de verre afin d’enlever le mercure en excès : apparaissait alors une surface lustrée.
L’étamage est long, coûteux et dangereux pour la santé (émanations nocives).
En 1836, le chimiste allemand Justus von Liebig fut le premier à recouvrir le verre avec une solution d’argent. D’autres chimistes travaillèrent sur le procédé : Drayton, Wagner, Petit-Jean, Lumière et Martin / Keseur.
Aujourd’hui, la plupart des miroirs sont fabriqués de la manière suivante : le verre à vitre est tout d’abord découpé à la taille désirée, les souillures étant enlevées à l’aide d’une solution abrasive. Le verre est ensuite lavé à la brosse, puis nettoyé au moyen d’une solution de chlorure stanneux par exemple. Placée sur un dessus de table incurvé en fonte, la surface du verre est recouverte de feutre et maintenue au chaud. On verse ensuite une solution de nitrate d’argent sur le verre, en laissant reposer pendant près d’une heure : le nitrate d’argent est progressivement réduit en argent métallique, qui apparaît sous forme d’un dépôt d’argent lustré. Pour finir, le dépôt est séché, revêtu de laque et peint. Parfois, on ajoute à la solution d’argent un agent réducteur, comme le formaldéhyde ou le glucose. On peut aussi pulvériser directement les produits argentés sur la surface du verre.
Application
Quelle que soit la technique employée (l'argenture sur table oscillante, ou au pot, l'argenture au pistolet ou les trains d'argenture), le procédé est le même et comporte 4 phases successives :
1/ Préparation du verre :
La glace est tout d'abord soumise à un nettoyage par un jeu de brosses travaillant la face à argenter pour la dégraisser et ôter les impuretés. Pour ce faire, on utilise de l'oxyde de cérium dissout dans de l'eau. Enfin, on rince le volume verrier avec de l'eau distillée.
2/ Application de la couche réfléchissante d'argent :
On fait passer la glace sous une rampe où elle reçoit une projection de protochlorure d'étain pour permettre la précipitation de l'argent. La pellicule d'argent est appliquée sous forme d'une solution de nitrate d'argent, distribuée par des pistolets.
3/ Protéger l'argent par une couche de cuivre :
Cette opération a pour objet d'assurer la première protection chimique de la couche d'argent déposée. Elle s'effectue par pulvérisation le plus souvent. On utilise également le cuivrage électrolytique.
4/ Eviter l'oxydation du cuivre par un vernis :
Après cuivrage, la glace est séchée, rincée et recouverte d'un vernis qui assure la protection mécanique de la couche d'argent et évite l'oxydation du cuivre. Le vernissage se fait soit sous des rouleaux, soit sous des pistolets ou encore sous un rideau de vernis. Celui-ci est cuit au four à une température progressive (140 à 160° C).
De nouvelles familles de miroirs sont développées avec un procédé écologique : sans cuivre pour protéger la couche d'argent et sans plomb dans les couches de peinture de protection.