Le jaune d'argent
Le jaune d’argent fait partie de la famille des couleurs de cémentation.
La cémentation est une coloration obtenue par des sels métalliques qui pénètrent dans la masse du verre pendant la cuisson.
Historiquement, la cémentation la plus employée est le « jaune d'argent ».
Le jaune d’argent apporte une coloration pouvant aller du jaune très clair au brun orangé foncé.
HISTORIQUE
Le jaune d'argent apparaît en occident au début du XIVème siècle.
Le plus ancien représenté dans des vitraux est visible dans les verrières de l'église paroissiale Saint-Pierre du Mesnil-Villeman (50450), ils datent de 1313.
A la même époque, la qualité des verres s’améliore, ils sont plus fins, plus réguliers et plus limpides.
Certaines verrières vont pouvoir s’éclaircir grâce à l’utilisation de verres incolores.
Le jaune d'argent révolutionne la technique du vitrail et de la peinture sur verre :
On peut désormais ajouter la couleur jaune sur une même pièce sans la séparer par un plomb.
On se sert du jaune d'argent pour colorer les chevelures, les bijoux, les couronnes, les sceptres et les éléments architecturaux, les vitreries ornementales de losanges et les fenêtres en grisaille décorative dont certains détails sont rehaussés de jaune d'argent.
Au XVIème siècle, les peintres verriers maîtrisent parfaitement l'emploi de cette cémentation et l'utilisent pour représenter des ombres sur des vêtements.
Une peinture sur verre incolore dite « vitrail en camaïeu » se développe ; réalisée à la grisaille brune et rehaussée de jaune d'argent et de sanguine. Exemple : la galerie de Psyché au château de Chantilly. Ce genre de peinture en camaïeu apparaît dès le XIVème siècle dans les vitraux civils.
COMPOSITION
Sels d'argent (sous forme de sulfure, chlorure ou nitrate) + cément (ocre ou argile calcinée).
Après cuisson le cément restera en surface et sera retiré.
Différents sels d'argent peuvent être utilisés : chlorure, sulfure, iodure et oxyde d'argent, etc...
Lors de la cuisson, les ions argent s'échangent avec les ions potassium ou sodium du verre.
Les ions argent sont encore incolores, pour se colorer ils doivent se coaguler.
Cette réaction est possible grâce aux substances contenues dans le verre : arsenic, étain, antimoine et fer.
Pour un verre flotté, la face qui aura été en contact avec le bain d'étain, réagira plus favorablement aux sels d'argent.
Pour certains verres qui ne contiennent pas ces substances, la coagulation peut se faire à un température proche ou légèrement supérieure de la température de ramollissement du verre et selon la durée de la cuisson.
La profondeur de la coloration est due aux sels employés : on obtient une cémentation plus foncée et plus colorée avec le chlorure d'argent. Les nuances et la transparence sont liées à la composition chimique du verre, à la teneur en métal du jaune d'argent, à l'homogénéité du mélange ocre/sels d'argent et à la température de cuisson. La coloration augmente également avec le temps de cuisson.
APPLICATION
Le jaune d'argent s'applique généralement au revers de la pièce.
L’ocre, chargée des particules métalliques, est diluée à l'eau.
Le mélange se pose le plus souvent « à la goutte » (on l’étale à l'aide d'un pinceau mouilleur bien chargé).
Pour distribuer le mélange en épaisseur égale sur la surface recouverte, on peut tapoter le bord de la pièce à l’aide du manche d’un pinceau. La répartition régulière assure une relative homogénéité à la coloration.
Il est également possible de blaireauter le jaune d'argent, mais la répartition du colorant est plus aléatoire.
Après cuisson, la terre enlevée est récupérée pour servir lors d'une deuxième cuisson. La tonalité de la coloration sera beaucoup plus claire.
Après cuisson, l'aspect ressemble à une coloration dans la masse car aucune épaisseur n'est perceptible au touché.
Les cémentations modifient la couleur ainsi que la résistance du verre.
Sur un verre coloré, la couleur s'ajoute : sur un verre bleu, se voit du vert.