Saint-Martin de Conas
Les vitraux de la mémoire
Une superbe petite église, tout près de Pézenas, dans le hameau de Conas. Presque cachée, tout au bout du village, elle se tient, modeste, entre le château et le cimetière.
Un petit miracle d'équilibre, de sobriété. Une petite leçon de grande architecture qui est arrivée jusqu'à nous, sans grandes transformations, depuis le XIIème siècle : presque mille ans !
Et pendant neuf siècles, sous le signe de Saint-Martin, elle a fait son travail silencieux d'église : accueillir les bébés, dire adieu aux morts, unir les adultes, abriter une once d'espoir, un brin d'illusion, un soupçon de mystère... des siècles durant, les registres paroissiaux ont enregistré baptêmes, sépultures et mariages, quelques rares faits exceptionnels, mais surtout la longue succession d'hommes et de femmes sans histoire dont la vie fut simple et parfois très dure.
Leurs seules traces furent leurs noms gravés dans ces vénérables manuscrits et la campagne, sculptée à la force des bras par des générations de paysans.
Appelé à réaliser des vitraux de création pour ce petit chef d'œuvre rural, Carlo Roccella s'est souvenu des pages fragiles, presque transparentes, des registres anciens qu'il avait tenu entre ses mains avec émotion.
Saisir ces feuilles et ces noms, les présenter devant le soleil, inscrire ces mots essentiels de naître, aimer, mourir, dans le cadre des fenêtres, laisser les noms des oubliés revenir dans l'église sous forme de rayons, de couleur et d'ombre : tel a été son projet d'artiste et de verrier pour les nouveaux vitraux de l'église de Conas.
Verrier depuis trente ans, ayant créé des vitraux pour des dizaines de lieux du patrimoine, dont beaucoup d'églises, il a pourtant éprouvé un attachement spécial pour ce lieu et cette réalisation.
Tout au long du projet, il a collaboré avec Laurence Bourgeois, tout aussi impliquée que lui dans cette aventure passionnante. C'est elle qui a aussi ré-interprété, en peinture sur verre, les écritures qui parcourent les vitraux.
Les douze vitraux posés, l'église reprend son chemin immobile, caressée par une lumière nouvelle qui offre aux visiteurs, selon le vœux de l'artiste, un instant de paix et de méditation.
Entreprise : Ateliers vitrail architecture
Carlo Roccella