Les vitraux de Gérard Lardeur à l'église Notre-Dame du Folgoët à Bannalec

TEXTE DE J. BIDEAU, architecte.
Avant les travaux, l'état dégradé des vitraux impliquait des interventions.
Ceux des bas-côtés de la nef datant probablement de l'époque de la construction de ces bas-côtés en 1783 et 1787 étaient irrécupérables.
Une consultation a été lancée pour une création libre de nouveaux vitraux.
Le choix des propositions a été soumis à l'ensemble des Conseillers communaux et paroissiaux. Des visites de réalisations ont été organisées.
C'est finalement Gérard LARDEUR qui a été retenu, ce qui rejoignait l'avis éclairé du Chanoine DILASSER et la Commission d'Art Sacré qu'il présidait.
Lors de la présentation de son projet, Gerard LARDEUR l'avait annoncé: "pas de figuratif avec des personnages, mais une écriture de vitraux pour induire un cheminement spirituel dans l'église".
Cette écriture est celle d'un sculpteur, un sculpteur de lumière qui dénote une profonde recherche de spiritualité et qui s'engage chaque fois dans une démarche d'appropriation de l'esprit du lieu. Gérard LARDEUR y a passé de longues heures souvent seul.
Les deux bas-côtés forment un tout. Chacun est à lire du fond de l'église vers le chœur.
Au Nord, "la création de l'univers" en 5 vitraux depuis le "Big Bang" jusqu'à la mise en ordre aboutissant au carré. Une couleur froide, le bleu, vient nous rappeler notre situation dans cet univers.
Pourquoi le carré ? Parce que les deux formes parfaites sont le carré et le rond m'a répondu Gérard LARDEUR.
Le rond c'est l'homme, dans les quatre vitraux du côté Sud.
Déjà pour expliquer son œuvre dans l'Eglise Saint Pierre et Saint Paul à Langonnet, Gérard LARDEUR écrivait en 1995 :
"Mon œuvre, abstraite, est très marquée par le cercle. Je veux dire par cercle deux demi-cercles assemblés imageant la division de l'homme, de chacun de nous, en deux parties, l'une intellectuelle, l'autre matérielle. L'esprit et le corps séparés par une ligne, un espace, que j'appelle la conscience, dont l'action mêlée à l'esprit doit être le moteur de chacun de nous pour devenir un dieu comme le définissaient les Grecs"
A Langonnet, l'écriture des deux demi-cercles est embrouillée, la conscience est un espace vide.
Ici à Bannalec, le dessin est plus riche :
Après la naissance dans les deux premiers vitraux, passé la porte de l'église, la trame de l'un des deux demi-cercles va s'ordonner et la conscience va tendre vers le haut. L'homme acquiert, grâce au baptême, une nature divine tout en restant homme donc mortel. C'est ce que lui rappellent les grosses barlotières noires symbole des richesses de la terre dans la Bretagne rurale.
La métaphore solaire est évidente, du jaune citron de soleil levant au rouge flamboyant du soleil couchant.
A propos de son travail, Gérard LARDEUR écrivait : "Travailler la lumière devient un baptême, c'est mourir à l'égoïsme pour naître à l'amour, et cette force pour le salut de tous fait du vitrail l'art de l'action".
Dans le quatrième et dernier vitrail de la série, l'homme a atteint la plénitude. La conscience, l'âme se détache du corps pour monter vers la lumière, vers l'absolu.
Il écrivait encore :
"Le jour où nous oserons regarder la lumière en face sans écran, la création sera achevée, l'homme dieu sera triomphant et le septième jour de la Genèse sera au crépuscule."
C'est la lecture de ses vitraux qui m'a été donnée par leur créateur mais Gérard LARDEUR rajoutait avec insistance que chacun devait y chercher son cheminement spirituel personnel.
J. BIDEAU, architecte.

4 baies bas côté sud.
4 baies bas côté nord (dont une imposte).